Spectacle
Quand la danse sublime les failles : un spectacle à voir en famille.
Waré Mono est une création poétique et politique de Kaori Ito conçue avec la participation d’un groupe d’enfants. Elle raconte comment les failles construisent l’humanité.
Comment réparer l’enfance ? Pour répondre à cette interrogation, la chorégraphe s’inspire du kintsugi, cet art japonais qui consiste à raccommoder des objets cassés, non pas en dissimulant les fissures, mais en les sublimant avec de l’or.
Dans Waré Mono, Kaori Ito invite ses acolytes Issue Park et Noémie Ettlin à camper deux personnages malicieux.
Tantôt ils s’imitent et s’entraînent l’un l’autre, tantôt ils fusionnent jusqu’à former une seule et même créature, tantôt ils se défient et s’affrontent.
À leurs côtés, une marionnette à taille humaine incarne l’enfance, avec sa fragilité, ses doutes et ses accidents. Les danseurs s’en saisissent avec tendresse, la manipulent ; ils en accentuent les cicatrices puis les décorent et les soignent pour les rendre précieuses.
Par la magie de la danse, les blessures peu à peu laissent place à la vie.
Prix : de 5 à 26 euros. À partir de 6 ans. Accessible à une audience internationale.
Vendredi (à 18:15) et samedi (à 15:15), les représentations de Waré Mono seront précédées d’un atelier pour les enfants durant lequel ils sont invités à participer à la création de la scénographie du spectacle.
Kaori Ito : une chorégraphe entre deux mondes
Imprégnée de culture japonaise, Kaori Ito développe un langage chorégraphique unique. Elle mélange instinct et poésie, rigueur et spontanéité.
Entre danse et théâtre, elle explore les non-dits et l’invisible. Son mouvement, brut et viscéral, capte l’intime.
Dès son plus jeune âge, elle étudie le ballet classique à Tokyo. Puis, elle part aux États-Unis, où elle apprend les techniques de Graham, Cunningham, Limón et Horton. Plus tard, elle danse pour Philippe Decouflé, Angelin Preljocaj, Sidi Larbi Cherkaoui et James Thierrée. Grâce à ces expériences, elle forge un style hybride, à la croisée des influences.
Depuis plusieurs années, elle crée ses propres pièces. Son approche est introspective et universelle. Elle travaille l’absence et cherche à « bouger l’espace ». Ses thèmes de prédilection ? Les tabous, la mort, l’amour et la solitude. Chacun devient un moteur d’expression.
Je crois que ce n’est pas mon cerveau qui réfléchit quand je danse, c’est mon corps qui s’exprime.
Peu à peu, Kaori Ito tisse un dialogue entre la parole et le mouvement. Son travail s’invite aussi au théâtre, notamment à la Comédie-Française. Elle explore même le cinéma avec des réalisateurs comme Alejandro Jodorowsky et Édouard Baer.
En 2015, elle reçoit le Prix Nouveau Talent Chorégraphie de la SACD. Peu après, elle est nommée chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. Cette reconnaissance salue son apport à la scène contemporaine.
Un univers chorégraphique marqué par l’intime et le symbolique
Dans Robot, l’amour éternel, Kaori Ito explore sa vie d’artiste nomade. Seule en scène, elle questionne la mécanisation du monde moderne. Son corps et son esprit sont pris entre routine et émotions.
Le décor est minimaliste : un plateau blanc, des moulages de son corps, une voix électronique. Derrière cette mise en scène, elle interroge le temps qui passe, la peur de la mort et la transmission de la vie.
Une performance où la rigueur du quotidien se confronte à l’urgence d’exister pleinement.
Avec Chers, Kaori Ito ouvre un dialogue entre vivants et morts. L’idée est simple : écrire une lettre à un disparu, pour lui redonner corps sur scène.
Portée par ses interprètes, elle alterne paroles et mouvements, douceur et colère. Son but ? Questionner notre rapport à la mort.
Au Japon, la mort est une présence familière. En Occident, elle est souvent mise à distance. Dans Chers, Kaori Ito tente de réconcilier ces visions opposées. La danse devient alors un espace de deuil et de renaissance.
Créations et collaborations marquantes de Kaori Ito
Outre ces spectacles, Kaori Ito signe de nombreuses œuvres :
- Le Monde à l’envers (2021)
- Le Tambour de soie (2020, Festival d’Avignon) avec Yoshi Oïda et Makoto Yabuki
- Is it worth to save us ? (2018) en duo avec Miraï Moriyama
- Je danse parce que je me méfie des mots (2015), duo avec son père
- Plexus (2012), pièce d’Aurélien Bory pour Kaori Ito
Elle s’illustre aussi au théâtre et au cinéma. On la retrouve dans Luz de Flora Lau et La Poesia sin fin d’Alejandro Jodorowsky.
Toujours en quête de nouvelles formes d’expression, elle poursuit un travail où la danse devient un langage universel. Son objectif ? Explorer les émotions humaines les plus profondes.
Site web : https://theatresilviamonfort.mapado.com/event/355358-ware-mono
Adresse(s) : Théâtre Silvia Monfort (106 rue Brancion, 75015 Paris)
Réservation possible