Conférence
Conférence exceptionnelle de Chiaki Nishijima (Université d’Oslo) à l’EHESS-Condorcet.
Le commerce du sexe reflète l’absence de filets de sécurité sociale pour les résidentes les plus pauvres du Japon. Les recherches de Chiaki Nishijima examinent comment l’industrie du sexe a évolué en réponse à la récession économique au cours de la dernière décennie et demie.
De 2013 à 2016, elle a interrogé des travailleuses du sexe, des responsables et des employés du personnel d’une entreprise de services érotiques à domicile mettant en scène des femmes japonaises de la quarantaine à la soixantaine.
Autrefois considérées comme des parias dans l’industrie, les travailleuses du sexe d’âge moyen ont fait leur apparition dans les années 2000, lorsque des entreprises proposant des jukujo, c’est-à-dire des femmes mûres, se sont mises à proliférer.
Les entrepreneurs ont su percevoir les vulnérabilités socio-économiques émergentes. Alors que l’industrie du sexe d’une économie auparavant robuste, axée sur la demande, était alimentée par l’argent et le désir des clients, le marché déflationniste d’aujourd’hui, axé sur l’offre, a répondu aux besoins économiques des femmes pour cultiver une nouvelle demande.
Les travailleurs jukujo vivent dans une industrie du sexe gouvernée par les impératifs politiques, économiques et idéologiques du néolibéralisme, plutôt que par la logique de victimes et d’agresseurs sur laquelle les abolitionnistes du mouvement de lutte contre la traite des êtres humains se focalisent.
Remettant en question l’hypothèse normative selon laquelle le travail du sexe est toujours lucratif, les recherches de Chiaki Nishijima montrent que l’industrie du sexe est malléable et intimement liée à des systèmes tels que la protection sociale et le marché du travail.
Chiaki Nishijima est une anthropologue sociale du Japon contemporain, dont les recherches portent sur le travail sexuel, l’aide sociale et l’économie politique. Elle est maître de conférences en études japonaises au sein du Département des études culturelles et des langues orientales de l’université d’Oslo. Elle est titulaire d’un doctorat de l’université de Harvard et d’une licence du Wellesley College.
Adresse(s) : 2 cour des Humanités, 93300 Aubervilliers (EHESS-Condorcet, salle A385-387)
Gratuit
Cet évènement a déjà eu lieu le jeudi 18 novembre 2021 de 13:00 à 15:00.