Film
Projection du film Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki.
Princesse Mononoké est un film d’animation japonais réalisé par Hayao Miyazaki pour le Studio Ghibli.
Il est sorti au Japon en 1997, et en France en 2000.
Au 15e siècle, durant l’ère Muromachi, la forêt japonaise, jadis protégée par des animaux géants, se dépeuple à cause de l’homme.
Un sanglier transformé en démon dévastateur en sort et attaque le village d’Ashitaka, futur chef du clan Emishi.
Touché par le sanglier qu’il a tué, celui-ci est forcé de partir à la recherche du dieu Cerf pour lever la malédiction qui lui gangrène le bras.
Il va se retrouver au milieu d’une guerre opposant d’un côté San (la princesse Mononoké), une humaine élevée par des loups, et de l’autre dame Eboshi à la tête d’un village des forges
Comme pour Nausicaä, Miyazaki reprend le thème de la princesse guerrière qui doit sauver l’équilibre entre la nature et les hommes, tout en explorant une dimension plus sombre que dans ses autres films.
À partir de 12 ans.
La confrontation entre nature et civilisation
Le film explore la tension entre les aspirations humaines et la préservation de la nature.
Dame Eboshi, chef de la communauté industrielle, exploite les ressources naturelles pour développer le village du Tatara. Elle incarne une humanité en quête de progrès, mais provoque aussi la colère des esprits de la forêt.
Pourtant, Miyazaki évite un portrait simpliste : Dame Eboshi agit également pour le bien de son peuple. Elle offre un refuge aux lépreux et émancipe les femmes en leur donnant un rôle actif dans la société.
À l’opposé, San, élevée par la louve Moro, symbolise une nature sauvage et indomptée.
Cette opposition met en lumière les conséquences de la modernité sur l’environnement. Elle souligne aussi la possibilité d’une coexistence entre les deux mondes.
Le message final invite à réfléchir sur l’équilibre nécessaire entre les besoins humains et le respect de la nature.
Nature, esprits et animisme
L’influence du shintoïsme et de l’animisme dans Princesse Mononoké
Dans Princesse Mononoké, Miyazaki s’inspire des principes du shintoïsme et de l’animisme japonais pour créer un univers habité par des forces mystiques.
Dans le shintoïsme, les éléments naturels comme les forêts et les rivières sont des sanctuaires abritant des kami (esprits ou divinités). Ces croyances forment la base spirituelle du film, où des entités comme le Shishigami (Dieu-cerf) et les Kodama (esprits de la forêt) incarnent la vie, la mort et la régénération.
Le Shishigami, figure centrale, représente une force divine ambivalente. Il donne la vie, mais peut aussi la retirer, illustrant le cycle naturel de l’existence. À ses côtés, les Kodama témoignent de la vitalité de la forêt.
Les créatures et esprits : symboles de l’équilibre naturel
Les créatures fantastiques de Princesse Mononoké incarnent les forces opposées qui façonnent le monde. Moro, la louve géante, et Nago, le sanglier déchaîné, personnifient la sagesse et la colère face à l’intrusion humaine. Le Shishigami, quant à lui, transcende ces conflits.
Les paysages et objets du film, comme les cours d’eau ou les arbres majestueux, ne sont pas de simples décors. Ils deviennent des acteurs à part entière. Ces éléments renforcent le message écologique et spirituel du film en soulignant l’harmonie ou le déséquilibre entre l’homme et son environnement.
Enfin, les forêts luxuriantes de Princesse Mononoké s’inspirent de Yakushima, une île au sud du Japon classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ses cèdres millénaires (yakusugi) et ses rivières cristallines donnent vie à un cadre où la puissance de la nature se fait ressentir.