Conférence
Organisé par : Inalco
Réinventions croisées des yôkai/yaoguai/yogoe en Asie orientale de 1900 à aujourd’hui : art et illustration au-delà des stéréotypes graphiques et narratifs.
Journées d’étude organisées par Mary Picone (EHESS), Marie Laureillard (Université Paris Nanterre), Vincent Durand-Dastès (Inalco), Michael Lucken (Inalco).
Les yôkai/yaoguai/yogoe sont des êtres étranges et changeants, parfois mystificateurs. Ils échappent à toute définition simple, surtout dans une perspective comparée.
Le Japon a joué un rôle clé dans leur diffusion internationale. Dès l’époque d’Edo, la richesse des illustrations de yôkai a marqué la culture visuelle japonaise. Mais aujourd’hui, ces images tendent à se figer.
Expositions, livres illustrés et colloques reprennent souvent les mêmes références : des matériaux prémodernes suivis d’œuvres de trois ou quatre auteurs de mangas et d’animés, actifs depuis les années 1970. Cet engouement a gagné les pays voisins.
À Taiwan, l’intérêt pour ces créatures grandit, tant dans la recherche que dans l’art. Colloques, expositions et publications s’y multiplient, sans être traduits.
En Chine, certains auteurs interrogent l’origine chinoise des yôkai.
De nouvelles perspectives sur les yôkai
Ces journées d’étude visent à révéler trois aspects méconnus de ces figures.
Elles permettront d’abord d’analyser des thématiques nouvelles. Certaines seront abordées à partir de supports peu explorés, comme les objets votifs modernes. D’autres concerneront des artistes inspirés par ces créatures, ainsi que des styles graphiques éloignés des clichés dominants. Les réinterprétations fantastiques issues des découvertes en biologie seront également mises en lumière.
Ensuite, ces journées examineront des œuvres datant des premières décennies du 20e siècle, une période souvent négligée.
Elles s’intéresseront aussi aux liens entre les yôkai japonais, les yaoguai sinophones (y compris à Taiwan) et les yogoe coréens.
Enfin, l’image sera un point de départ pour situer ces matériaux, mais d’autres perspectives seront explorées. Certaines théories d’ethnologues japonais, encore jamais traduites en langues occidentales, seront présentées. Des comparaisons avec les monster studies anglo-américaines enrichiront la réflexion.
Les yôkai forment-ils une catégorie stable ? Leur aspect terrifiant s’est-il déplacé vers les kaijû, ces « bêtes étranges » apparues avec Godzilla dans les années 1950 ? Certains estiment que les oni ou kappa ont perdu leur caractère dangereux pour devenir des figures ludiques. Pourtant, ils conservent une ambiguïté comparable à celle des divinités japonaises. Leur lien avec l’enfance est désormais indissociable.
La culture populaire américaine a aussi influencé ces figures. Elle a inspiré des formes hybrides visibles dans les mangas et manhuas.
Ces journées ne traiteront pas des mascottes (yuru-kyara) ou des créatures Pokémon. Mais on pourra se demander si, devenues logos ou icônes touristiques, elles ne participent pas de cette même dynamique.
Ces journées sont organisées en hybride. Pour obtenir le lien de connexion, contacter marie.laureillard@parisnanterre.fr !
Programme des journées d’étude
Vendredi 7 février – Matin
- 09:30 – Accueil
- 09:55 – Introduction (20 min) par Mary Picone (EHESS) & Marie Laureillard (Université Paris Nanterre)
- 10:15 – « Le monstre (oni) et le charpentier », Isabelle Charrier (Université Paris 8)
- 10:45 – Pause-café
- 11:00 – « Les yôkai dans les ex-voto : examen d’une présence rare », Jean-Michel Butel (Inalco)
- 11:30 – « Yôkai microscopiques et macroscopiques : l’influence des recherches scientifiques sur les représentations (1990-2024) », Mary Picone (EHESS)
- 12:00 – Questions et discussion
- 12:30 – Déjeuner
Vendredi 7 février – Après-midi
Présidence de séance : Christine Vial Kayser (Université de Cergy) (à confirmer)
- 14:30 – « La Sorcière et les mangeurs de serpents », François Lachaud (EFEO)
- 15:00 – « Les esprits non-humains décrits par eux-mêmes dans les cultes d’écriture inspirée, Chine, 19e-20e siècles », Vincent Goossaert (EPHE)
- 15:30 – Questions et discussion
- 16:00 – Pause-café
- 16:30 – « De la montagne à la ville : des yamauba médiévales aux yamanba gyaru contemporaines », Carina Roth (Université de Genève)
- 17:00 – « Yôkai entre peinture et photographie », Michael Lucken (Inalco)
- 17:30 – « Ambivalences multiples du génie coréen tokkaebi et son expression vitale dans la gravure d’O Yun (1946-1986) », Ju-yeon Hwang (Université Paris Cité)
- 18:00 – Questions et discussion
Samedi 8 février – Matin
Présidence de séance : Vincent Goossaert (EPHE) (à confirmer).
- 09:30 – Accueil et café
- 09:45 – « Classer les prodiges : les catégories d’êtres prodigieux sous le regard des folkloristes de la Chine populaire », Vincent Durand-Dastès (Inalco)
- 10:15 – « Étudier les yôkai : une histoire conceptuelle de la yokaiologie moderne », Matthias Hayek (EPHE)
- 10:45 – Questions et discussion
- 11:00 – « Représentations figurées de yôkai chez le peintre chinois Pu Ru (1893-1963) au regard du passé », Marie Laureillard (Université Paris Nanterre)
- 11:30 – « Figures masculines de l’esprit-renard dans la littérature sur Internet en Chine », Xu Shuang (Université Paris Cité)
- 12:00 – Questions, discussion et conclusion
Adresse(s) : Vendredi : Inalco - Maison de la Recherche (2 rue de Lille, 75007 Paris)
Samedi : Inalco - Pôle des langues et civilisations (65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris) - Auditorium Dumézil et Salle 5.12
Gratuit