Exposition Yûgen, mystérieuse beauté à la galerie Mingei du 7 septembre au 16 octobre 2021 - Le Japon à Paris

Yûgen, mystérieuse beauté

Du mardi 7 septembre au samedi 16 octobre 2021

Organisé par : Galerie Mingei

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Exposition de calligraphies et d’objets anciens japonais d’esthétique yûgen.

Le yûgen se traduit par une beauté profonde, une beauté mystérieuse ou un charme subtil. C’est un concept de l’esthétique japonaise appliqué aux arts, à la littérature et à la poésie. Il a été théorisé par des poètes comme Fujiwara no Shunzei et Fujiwara no Teika ainsi que par le dramaturge Zeami.

Le yûgen renvoie à la compréhension et à l’évocation nostalgique de la beauté mystérieuse du monde. Il ne s’agit pas de faire appel à l’imaginaire ou de décrire la réalité concrète, mais de considérer le monde comme doté d’une profondeur implicite que les artistes peuvent subtilement exprimer.

Le yûgen prend donc souvent la forme du mystère, de la profondeur, de l’élégance et de la nostalgie associés à l’ancienne culture aristocratique.

La simplicité des formes, la nudité de la matière, le raffinement économe sont des tendances qui, sous l’impulsion du zen, et l’austère culture des lettrés (bunjin), catalyseur de la cérémonie du thé et passionnés de calligraphie, ont prévalu de longue date dans la civilisation japonaise. Ils nous révèlent la profondeur des objets qui durent, qui révèlent leur beauté à travers l’usure de la matière et la patine du temps, guidant la promenade dans une dimension atemporelle de l’esthétique nippone.

Wabi-sabi : une esthétique zen

Murasakino Banjin

Même si le Zen fut importé de Chine, son sens de l’esthétique et du raffinement est fortement distinct de la perception chinoise de la beauté. L’esthétique zen est unique dans son appréciation de la modération, l’asymétrie, l’imperfection, la rusticité, et du naturel.

Ce concept est souvent appelé wabi-sabi, et il voit la beauté dans les choses qui sont imparfaites, éphémères et incomplètes. Dans les arts, le wabi-sabi se manifeste dans des œuvres modestes, humbles, rustiques et telluriques. L’esprit du wabi-sabi est authentique, sans prétention, et profondément ancré dans l’amour de la nature.

Ces valeurs de rusticité, d’élégance, de goût du calme et de beauté raffinée associées au wabi-sabi ont été, depuis des siècles, source d’inspiration des artistes japonais et les artistes contemporains continuent d’être inspirés par ces valeurs jusqu’à ce jour.

La laque Negoro

Plateau en laque Negoro

Le terme Negoro fait référence à des objets en laque rouge simples et élégants qui ont été produits pendant la période médiévale du Japon, entre le XIIe et le XVIIe siècle. Incarnant l’ancien sens de la beauté japonaise, les formes minimalistes de la laque de Negoro ont été principalement conçues pour être des objets fonctionnels et sont dépourvues de décoration élaborée.

Les formes souples et la patine naturellement usée des couches laquées rouges et noires donnent à Negoro une ambiance d’antiquité et d’élégance qui en a fait des objets précieux à travers les âges. Depuis le début du XXe siècle, les laques Negoro sont devenues très appréciées des connaisseurs en tant qu’objets au design exceptionnel qui poursuivent une certaine beauté utilitaire.

La véritable essence de Negoro se trouve dans son antiquité et dans les générations d’usage affectueux qui imprègnent ces objets de l’esprit ésotérique japonais wabi (l’esthétique de la beauté trouvée dans l’imperfection) et sabi (une affection pour l’ancien et le fané). L’usure et l’érosion du revêtement rouge extérieur révèlent progressivement la laque noire du dessous, créant une beauté en constante évolution qui ne peut résulter que d’une utilisation continue et du passage du temps. Les fissures, l’usure, les dommages, les textures et les irrégularités renforcent la sophistication harmonieuse de la surface d’un objet Negoro.

Cette évolution naturelle de la beauté, similaire à la maturation de l’esprit humain avec l’âge, incarne l’esprit japonais et découle de la conviction que l’utilisation respectueuse d’un objet pour sa fonction appropriée améliore son apparence et son statut.

Sencha : le thé des lettrés

Moribon

En réaction au formalisme rigide et à la complexité rituelle du wabicha, connu également sous les noms de chanoyu ou chadô (la Voie du thé), développé par le moine bouddhiste Sen no Rikyû (1522-1591) et son maître Takeno Jôô (1502-1555), une autre tradition du thé, le sencha, devient populaire à la fin du XVIIIe siècle.

La philosophie fondatrice du sencha est grandement influencée par les idées des libres penseurs chinois qui gagnent en popularité au milieu de la période Edo, en particulier auprès des artistes et des intellectuels de la région du Kansai : les bunjin ! Riches commerçants, peintres, calligraphes, philosophes ou poètes influents de l’époque, fréquentent assidument les lieux où se pratique le senchadô, important à la fois sur le plan religieux et artistique.

Ces lieux de brassage intellectuel voient se développer de nombreux arts, tels l’arrangement floral dans des corbeilles en bambou tressé ; le bunjinga, nom donné à la peinture des lettrés ; ou encore le kôdô, la cérémonie de l’encens ou l’art d’apprécier les parfums ; sans oublier bien entendu la collection d’ustensiles à thé karamono (objet chinois) et bunjin. Ces objets exaltent les mystères de la Nature qu’ils tentent de reproduire. Dans tout le Japon, mais en particulier dans le Kansai, des artisans-artistes produisent des œuvres empruntes de la philosophie du sencha dont les bunjin raffolent.

Okimono

Okimono Shidarin'o

Les objets en bois naturel (racines, branches, loupes), en bambou et les matériaux en pierre reflètent une esthétique originaire de Chine. En adoptant le thé infusé sencha de style chinois, les lettrés japonais ont également développé une passion pour les formes naturelles qui s’est répandue dans de nombreux aspects de l’art japonais.

À la fin du 19e siècle, la richesse croissante des classes moyennes et supérieures a créé un marché pour l’art en général et les objets sencha en particulier. Au-delà des objets fonctionnels et ustensiles pour le sencha, les bunjin ont développé un goût prononcé pour les artefacts sans fonction souvent nommés okimono. S’ils sont purement décoratifs, les okimono sont porteurs de sens et se réfèrent souvent à des mythes et des légendes, des symboles liés à la nature, ou encore à des métaphores poétiques.

Site web : https://mingei.gallery/exhibitions

Adresse(s) : 5 rue Visconti, 75006 Paris (Galerie Mingei)

Gratuit

Ouvert les mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi

De 11:00 à 18:00

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