Exposition Tarō Okamoto, un Japon réinventé - Le Japon à Paris

Tarō Okamoto, un Japon réinventé

Du mardi 15 avril au dimanche 7 septembre 2025

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Exposition sur Tarō Okamoto au musée du quai Branly.

Le musée du quai Branly présente une exposition sur l’une des figures centrales des avant-­gardes japonaises : l’artiste multidisciplinaire Tarō Okamoto.

Il est ici question de mettre en lumière la vision unique de cet artiste total, résolument avant-gardiste.

Né en 1911 dans une famille d’artistes – son père Ippei était illustrateur, sa mère Kanoko écrivaine – Tarō Okamoto développe très tôt une vision iconoclaste de la création.

Son arrivée à Paris en 1930 marque un tournant décisif : il fréquente l’avant-garde surréaliste tout en s’initiant à l’ethnologie au Musée de l’Homme auprès de Marcel Mauss. Cette double formation, rare pour l’époque, forge sa philosophie artistique résumée par sa célèbre déclaration : « L’art est explosion ».

La guerre interrompt brutalement cette période féconde. Mobilisé en 1942, Okamoto perd toutes ses œuvres d’avant-guerre dans les bombardements de Tokyo. Paradoxalement, cette table rase nourrira son manifeste Anti-tradition (1956) où il appelle à « détruire pour mieux recréer ».

Devenu une figure centrale de l’art japonais d’après-guerre, il influencera toute une génération d’artistes.

Parcours de l’exposition Tarō Okamoto

Les années parisiennes : entre surréalisme et ethnologie

La première section révèle des documents exceptionnels sur le séjour parisien d’Okamoto.

On découvre ses carnets de croquis où se mêlent motifs abstraits et études ethnographiques, témoignant de son immersion simultanée dans deux mondes. Des photographies inédites le montrent aux côtés de Georges Bataille, dont il partageait la fascination pour le sacré et la transgression.

Un focus est consacré à la société secrète Acéphale, dont Okamoto fut l’un des rares membres japonais. Les visiteurs peuvent y voir pour la première fois des lettres manuscrites échangées avec Kurt Seligmann, démontrant l’intensité des débats artistiques de l’époque. Ces archives éclairent comment Paris devint le creuset de sa pensée créative.

Le retour au Japon : réinventer la tradition

La seconde partie explore le choc culturel vécu par Okamoto à son retour en 1940. Face à un Japon en ruines, il développe une esthétique unique mariant symboles ancestraux et abstraction moderne. Quatre masques créés en 1970 dialoguent avec des artefacts Jōmon, révélant sa réinterprétation du néolithique japonais.

L’exposition reconstitue partiellement sa série photographique Inori [Prière], document énigmatique sur les rituels populaires de l’après-guerre. Ces images, jamais montrées en France, témoignent de son approche anthropologique de la spiritualité nippone.

Un espace immersif recrée l’ambiance de son atelier tokyoïte, avec ses pinceaux géants et pigments minéraux.

L’apogée : la Tour du Soleil et l’Expo ’70

Le clou de l’exposition est consacré à l’Exposition universelle d’Osaka, où Okamoto fut commissaire du pavillon thématique.

Des croquis préparatoires révèlent la genèse de sa Tour du Soleil, sculpture-monument devenue icône de l’événement. Une maquette interactive permet d’explorer les trois niveaux de l’œuvre, dont la « forêt de l’esprit » abritant des centaines d’objets ethnographiques.

Cette section montre comment Okamoto a transformé ce projet en manifeste artistique global. Des vidéos d’archives capturent l’effervescence du chantier, tandis que des lettres révèlent ses tensions avec les organisateurs. C’est toute l’ambition d’un artiste visionnaire qui se dévoile ici.

L’Atelier Martine Aublet – Un écrin unique

L’exposition bénéficie du cadre exceptionnel de l’Atelier Martine Aublet, espace de 170m² niché au cœur du musée. Conçu comme un « cabinet de curiosités contemporain », il offre une vue panoramique sur les collections permanentes, créant un dialogue inattendu entre les œuvres d’Okamoto et les artefacts ethnographiques.

La scénographie joue avec les spécificités du lieu : les masques sont présentés dans des vitrines suspendues, tandis que les photographies Inori sont projetées sur des parois courbes.

Cette mise en espace reflète la philosophie de la Fondation Martine Aublet, récompensée en 2021 comme « Grand mécène de la Culture ».

Commissariat de l’expo Tarō Okamoto

Benoît Buquet, commissaire de l’exposition, apporte son expertise fine de l’art japonais d’avant-garde. Lauréat de la Villa Kujoyama en 2018, il propose une relecture novatrice des années 1960-&ç70 à travers le prisme d’Okamoto. Son parcours est présenté dans un espace documentaire, avec ses publications et carnets de recherche.

Le parcours s’appuie sur des travaux récents, notamment ceux de la Taro Okamoto Memorial Foundation.

Des dispositifs multimédias permettent aux visiteurs d’approfondir les thématiques : l’influence du shinto, les relations avec le mouvement Gutai, ou encore la postérité de l’artiste dans le manga et le design contemporain.

Informations pratiques

Tarifs :

  • 12 euros (plein)
  • 9 euros (réduit)

Accès aux collections inclus avec le billet.

Et jusqu’au 6 juillet, vous pourrez aussi profiter au musée du quai Branly de l’exposition Au fil de l’or : L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant.

Site web : https://www.quaibranly.fr/fr/expositions-evenements/au-musee/expositions/details-de-levenement/e/taroo-okamoto

Adresse(s) : Musée du quai Branly, Atelier Martine Aublet

Ouvert les mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche

De 10:30 à 19:00, sauf le jeudi de 10:30 à 22:00

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