Rétrospective Shinji Somai - Le Japon à Paris

Rétrospective Shinji Somai

Du vendredi 2 mai au samedi 7 juin 2025

Organisé par : Maison de la culture du Japon à Paris

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Rétrospective Shinji Somai : un événement cinéphile exceptionnel à la MCJP.

La Maison de la Culture du Japon à Paris présente une rétrospective intégrale des œuvres de Shinji Somai du 2 mai au 7 juin 2025.

Cet événement cinéphile majeur offre aux amateurs de cinéma japonais une occasion unique de découvrir ou redécouvrir les 13 films de ce réalisateur visionnaire. Figure incontournable du cinéma nippon des années 1980 et 1990, Somai a marqué une période de transition caractérisée par l’effondrement du système des studios traditionnels.

Cette rétrospective coïncide avec la sortie en France de plusieurs de ses œuvres majeures, dont certaines seront présentées en avant-première. Plusieurs projections bénéficieront d’introductions par des personnalités du monde du cinéma, notamment le réalisateur Ryûsuke Hamaguchi, lui-même profondément influencé par le style de Somai.

« L’unique réalisateur que j’espérais égaler », confie Hirokazu Kore-eda. « Aucun cinéaste japonais ne réalise un film sans être conscient de son existence », affirme Ryûsuke Hamaguchi. Ces témoignages soulignent l’héritage considérable que ce cinéaste a laissé au cinéma japonais contemporain.

Qui était Shinji Somai, maître méconnu du cinéma japonais ?

De la Nikkatsu à la reconnaissance critique

Né en 1948 à Morioka, Shinji Somai développe très tôt une passion pour le cinéma. Après des études de lettres inachevées à l’université de Chuo, il entre à la Nikkatsu en 1972 comme assistant-réalisateur. Il fait ses premières armes sous la direction de Chûsei Sone, au sein du studio qui s’est alors reconverti dans les films de genre pour survivre à la crise de l’industrie cinématographique japonaise.

Après cette formation, Somai quitte le studio pour travailler en freelance, collaborant notamment avec les cinéastes Kazuhiko Hasegawa et Shûji Terayama. Il réalise son premier film, The Terrible Couple, en 1980, avant de connaître un succès commercial considérable avec Sailor Suit and Machine Gun en 1981, qui devient l’un des plus grands succès au box-office japonais de l’année avec des recettes de 4,7 billions de yen.

La carrière de Somai s’est développée dans une période difficile pour le cinéma japonais, qu’il a contribué à revitaliser par son approche novatrice. Sa disparition prématurée en 2001, à l’âge de 53 ans, a mis fin à une filmographie remarquable mais encore méconnue en Occident.

Une signature visuelle unique : le plan-séquence réinventé

L’œuvre de Shinji Somai se distingue par un style visuel singulier, caractérisé par l’utilisation virtuose du plan-séquence. Cette technique devient pour lui un véritable outil d’expression qui permet de capturer avec une intensité rare les émotions et les errances de ses personnages.

Comme il l’a lui-même confié, cette sophistication presque outrancière du plan-séquence lui a servi de pierre de touche dans sa quête de refondation cinématographique. Dans un contexte où les années 1980 commençaient à déverser des torrents d’images, repenser l’usage et l’implication de la caméra lui permettait de se démarquer et de créer un langage visuel distinct.

Son œuvre, à la fois explosive et sensible, est traversée par des thématiques récurrentes : l’adolescence, la famille dysfonctionnelle, les quêtes identitaires et les moments de bascule existentielle. Chaque film de Somai peut être vu comme une tentative de redessiner les contours d’une cinématographie japonaise en crise, en lui insufflant une énergie nouvelle.

Les 13 films à découvrir lors de la Rétrospective Shinji Somai

La rétrospective permet de suivre l’évolution du style de Somai, depuis ses premiers films centrés sur la jeunesse jusqu’à ses œuvres plus matures.

Premiers succès et films de jeunesse

Extrait de Typhoon Club de Shinji Sômai

The Terrible Couple (1980) adapte un manga populaire et capture avec fraîcheur les émois adolescents de deux lycéens contraints de partager un appartement suite à un quiproquo. Le film bénéficie de l’interprétation remarquable de Hiroko Yakushimaru, idol très populaire de l’époque.

Sailor Suit and Machine Gun (1981) raconte l’histoire surprenante d’une lycéenne qui hérite de la direction d’un clan yakuza à la mort de son père. Ce film décalé au spleen pop marque un tournant dans la carrière de Somai avec un succès commercial considérable.

P.P. Rider (1983) suit la quête de trois adolescents traversant le pays pour délivrer un camarade kidnappé par erreur. Cette œuvre inclassable alterne entre moments absurdes et tragiques, avec des fulgurances formelles impressionnantes.

The Catch (1983). Dans un village de pêcheurs de thon, ce drame explore les relations difficiles entre un vieux pêcheur, sa fille, et le petit ami de celle-ci. Somai surprend avec cette chronique familiale au traitement quasi documentaire. La rigueur et l’épure des scènes de pêche au thon, durant lesquelles Ken Ogata fait montre d’une authenticité sans faille, instaurent une atmosphère contemplative qui sert admirablement le propos.

Love Hotel (1985). Un éditeur au bord de la faillite décide de mettre fin à ses jours. Avant de passer à l’acte, il s’offre une nuit avec une prostituée qui va bouleverser son existence. Ce film marque les retrouvailles de Somai avec le studio Nikkatsu et le genre du Roman Porno. Il signe un grand mélodrame introspectif fonctionnant comme une boucle qui réconcilie passé et présent.

Typhoon Club (1985), peut-être son film le plus connu internationalement, dépeint un groupe d’adolescents piégés dans leur école par un typhon. Cette nuit extraordinaire devient le révélateur de leurs désirs et frustrations, dans une parenthèse à la fois cruelle et libératrice.

Lost Chapter of Snow : Passion (1985). Une jeune orpheline mise au ban par sa famille adoptive est recueillie et élevée par un voisin. Au fil des ans, elle développe des sentiments plus profonds pour son bienfaiteur. Ce film figure parmi les œuvres les plus formalistes de Somai.

Les chefs-d’œuvre de la maturité

Extrait de Déménagement de Shinji Sômai

La Femme lumineuse (1987) compte parmi ses films les plus étonnants et imprévisibles. Dans un Tokyo stylisé et halluciné, un homme venu d’Hokkaido recherche sa fiancée disparue, s’engageant dans des péripéties où les personnages luttent contre l’avilissement.

Tokyo Heaven (1990) raconte l’histoire d’une jeune idol qui, après sa mort accidentelle, parvient à tromper la Mort pour revenir sur Terre. Ce film libre et déconstruit questionne la superficialité du Japon de la bulle économique.

Déménagement (1993) aborde avec subtilité le trauma du divorce parental à travers le regard d’une fillette qui refuse cette nouvelle réalité. La stylisation des environnements urbains reflète brillamment le délitement de la cellule familiale.

Jardin d’été – The Friends (1994). Le temps d’un été, une amitié inattendue se noue entre un trio d’enfants et un vieillard reclus excentrique. L’ardeur et la curiosité des enfants apaisent les pensées morbides de leur aîné, tandis que ce dernier partage avec eux de douloureux souvenirs de guerre. Le film sortira en salles En France à partir du 4 juin 2025.

Wait and See (1998). Un salary-man joignant difficilement vie de famille et professionnelle voit ses certitudes bouleversées par les retrouvailles inattendues avec son père supposé mort. Ce film se situe dans la continuité thématique de Déménagement. Mais il inverse l’impact de la bulle économique finissante sur la cellule familiale.

Kazahana (2001), son dernier film, présente un road-movie épuré où deux personnages en rupture font route ensemble vers Hokkaido. Ce testament cinématographique montre un Somai qui simplifie sa forme tout en complexifiant sa narration.

Extrait de Jardin d'été de Shinji Sômai projeté au Festival de la Cinémathèque

Calendrier complet des projections et rencontres

La rétrospective propose un programme riche de projections, dont certaines seront présentées par des spécialistes du cinéma japonais :

VENDREDI 2 MAI

  • 19:30 – Sailor Suit and Machine Gun (1981) – Avant-première. Introduction par Stéphane du Mesnildot, spécialiste du cinéma asiatique

SAMEDI 3 MAI

  • 14:30 – P. P. Rider (1983)
  • 17:00 – The Terrible couple (1980).

Introductions par Clément Rauger, critique et programmateur.

VENDREDI 9 MAI

  • 19:30 – Typhoon Club (1985). Introduction par Ryûsuke Hamaguchi, réalisateur

SAMEDI 10 MAI

  • 14:30 – Déménagement (1993)
  • 17:00 – Jardin d’été – The Friends (1994) – Avant-première de la sortie en salle à partir du 4 juin. Introduction par Florence Maillard, critique et programmatrice

JEUDI 22 MAI

  • 17:00 – P. P. Rider (1983)
  • 19:30 – LOVE HOTEL (1985) – Avant-première. Introduction par Dimitri Ianni, critique et programmateur

VENDREDI 23 MAI

  • 19:30 – Lost Chapter of Snow : Passion (1985)

SAMEDI 24 MAI

  • 14:30 – Tokyo Heaven (1990) – Avant-première
  • 17:00 – The Catch (1983)

JEUDI 5 JUIN

  • 17:00 – Sailor Suit and Machine Gun (1981) – Avant-première
  • 19:30 – La Femme lumineuse (1987) – Avant-première

VENDREDI 6 JUIN

  • 19:30 – Tokyo Heaven (1990)

SAMEDI 7 JUIN

  • 14:30 – Wait and See (1998). Introduction par Justin Kwedi, journaliste du cinéma à EastAsia
  • 17:00 – Kazahana (2001)

Cette programmation exceptionnelle inclut des copies 16 mm et 35 mm provenant de la Fondation du Japon et de la National Film Archive of Japan.

Informations pratiques pour assister à la rétrospective Shinji Somai

Toutes les projections se dérouleront dans la Grande salle (niveau-3) de la Maison de la Culture du Japon à Paris.

Tarifs :

  • Normal : 6 euros
  • Réduit et adhérent MCJP : 3 euros

Les billets peuvent être réservés à l’avance.

La rétrospective est organisée en partenariat avec Cinéma du réel, LaCinetek et SuperSeven.

Site web : https://www.mcjp.fr/fr/agenda/retrospective-shinji-somai

Adresse(s) : 101 bis quai Branly, 75015 Paris (Maison de la culture du Japon à Paris)

Réservation possible

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